porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

mercredi 7 décembre 2011

Antonio Porta


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Antonio Porta (1935-1989), l’un des Novissimi et du Groupe 63, publie son premier recueil important en 1966 (I rapporti, Feltrinelli), suivi de Cara, 1969. Avec Passi passaggi et surtout Invasioni (1984, prix Viareggio), il réussit à donner une nouvelle impulsion à sa manière de faire de l’avant-garde sans renoncer à une essentielle veine lyrique. La question de la communication poétique – en particulier à travers une forme-journal visible dans les vers qui suivent –, a caractérisé ses dernières recherches, dont ce cahier jaune (Yellow), édité posthume par sa femme Rosemary et Niva Lorenzini. L’ensemble de sa production poétique est disponible chez Garzanti, Tutte le poesie, Milan, 2009.


Essences
.. ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Per diventare albero…’’

2.
Pour devenir arbre
fait sortir ses boutons de la mousse
il faut un terrain plus souple et prudent
et sans poisons. Pour cela,
compagnon qui écoutes, garde
ces paroles signaux du où
et du comment, de la mort qui encroûte
nous libère la pluie qui ride.
C’est seulement le sens que j’affirme
il a forme d’arbre informe,
un pommier, un oranger plus sombre.
Je suis une fille à l’écorce brillante
aux feuilles qui flairent la semence
que je bois.
Je n’ai ni commencement ni fin
que je puisse voir ou palper,
tu peux me flairer, sentir,
évanouir.
. . . . . . . . . . . . . . .Fini d’écrire le 1.2.1985

3.
Le vent de la lumière
sur les feuilles finales de peuplier.
Lames d’or
dans la nuit la plus longue boutons
déjà prêts
du futur.
Autour
enfle un nuage immense
des flancs à la bouche je gémis,
le temps j’enlève
de mes yeux
suspendu dans la lumière du vent
attentif
à la voix qui se tait.
. . . . . . . . . . . . . . .Fini d’écrire le 1.2.1985

4.
La mer est toute égale, elle est toute calme
à l’instant du sommeil.
J’ouvre un œil, c’est le vent
et les énergies secouent le couvercle
et le golfe ouvre grand le soir
et le soleil ouvre grand le soir
et le soleil passe au-dessus des obstacles, et au-dessous
et la mare du golfe s’ouvre grand en océan
et l’océan se resserre en particule de cosmos
et la fuite s’arc-boute sur soi
comme un saut hors du puits.
J’ouvre l’autre œil et tout est son
et le golfe est rond comme une cymbale
et une langue le frappe
et les navires s’acheminent dans la tempête.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .mars 1984. Fini d’écrire le 2.2.1985

5.
Barres blanches de la fenêtre
sur les paupières basses
unique lumière impriment
de noirs signaux, je me demande, tête penchée
presque en tendant le cou, « suis-je prêt ? »
Mais elle s’éloigne
et je reste en suspens, entre le maintenant
et l’ici, et le jamais, je m’emparadise
et dénoue, et remonte, de la gorge
elle se tresse à la soif, et s’élève
la voix, oui, la voix
dans un verre arrondi
elle tinte, et fait briller à fond.
. . . . . . . . . . . . .avril-mai 1984. Fini d’écrire le 2.2.1985


. . .  . . . . . de : Yellow, Milan, Mondadori, 2002 (éd. N. Lorenzini)

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