porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

samedi 10 octobre 2009

Biagio Cepollaro

Biagio Cepollaro (Naples 1959) vit actuellement à Milan.
Son écriture, guidée par des questionnements profondément éthiques, explore les rapports de l'homme moderne avec la nature artificielle des paysages urbains. Sa trilogie De requie et Natura (1985-1997) témoigne très tôt de la dimension "civile" de sa poésie. Il se sert, pour nourrir et diffuser sa poésie et ses réflexions, de tous les supports à sa disposition. Après voir collaboré à de nombreuses revues, il ouvre dès 2003 un blog, "Poesia da fare", qui deviendra une revue mensuelle en ligne, Rivista, parallèle au projet Poesia Italiana E-book. Depuis 2008, il se consacre aux arts et à la poésie visuelle.


[ II ]

.....................

maintenant rassemble ce souffle
dense de marais
et dissous-le
dans la lumière…
elle aussi se tourne
et commence à se désagréger
le calendrier
accroché au mur

⎯ nous avons vécu jusque-là
coupés en deux
⎯ il n’y a pas de vie
qui ne couse ensemble
le jour et la nuit…

tout cela nous fatigue
⎯ ce monde
n’est pas fait pour le bonheur
et la barbarie inexorable
avance
à chaque nouvelle dégradation
des coutumes nationales
à la traîne d’un occident
indécis entre extermination
et suicide collectif
distillé
certes avec tout cela on laisse pousser
sa barbe
plus d’un jour et des heures
de sommeil
et la ville dans les yeux
qui se ferment
s’éloigne

[…]

certes tout cela nous fatigue
mais c’est un travail à faire
pas tout seul
⎯ ce n’est pas un travail
à faire tout seul
mais il est à faire
et pas demain
et pas seulement symboliquement
dans les gestes faits à la place
d’autres gestes
mais dans l’action dure
et simple
de ne pas laisser de répit
au cadavre
que nous portons sur nous

*

quand sur les pavés il reste
la vieille peau
nous allons dans les rues
guidés par notre flair
et les lumières sont brouillées
et la ville n’est plus
la même
les odeurs montent des flaques
les restes au milieu de tickets
et de préservatifs dans l’ensemble
des traces
de plastique
de ce qui d’une certaine manière
même sordide
était vivant et que nous
ne pouvons même pas
imaginer

mais c’est au milieu de ce fer
que l’humain
est à développer

ainsi ce matin
qui est un matin de fête
de grève
générale
fêtons ainsi
le mouvement
de l’eau
à la vie on ne peut
demander moins
que d’être vivante

oh oui nous restons saisis
à la vue
de la pente
nous n’aurions jamais
imaginé
que ce qui nous fait sortir
chaque matin
du lit
c’est cette envie
de supprimer la ville
de liquéfier les murs
⎯ comparés à eux
les graffitis
sont encore un ornement.


,, , , , , , , ,, , Lavoro da fare (2002-2005), Poesia Italiana, E-book, 2006.
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