porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

lundi 6 avril 2009

Lidia Riviello

Née à Rome, où elle habite, Lidia Riviello est responsable de la poésie dans l’émission Radiotresuite. Depuis 2004, elle co-dirige le festival de poésie Romapoesia.
Elle a publié, entre autres, La metropolitana (Signum, 2001) et Rhum e acqua frizzante (G. Perrone Ed., 2005). Prix Antonio Delfini 2007 avec le recueil Neon 80, dans lequel le néon incarne la non-lumière, évoquant les « non-lieux » décrits par Marc Augé, d’une société où règne l’artificiel : par ce « gaz noble, inerte, presque incolore » déclare-t-elle, « le soleil s’éteignait».



La terre du néon, année quatre-vingt

[…]

C’étaient des tempêtes plutôt que des feux d’artifice
c’étaient des tempêtes
qui se sont abattues sur nos raisons.
Dans les années néon il n’y avait nulle part de sole mio,
nous cachions le vrai-faux dans les disques
car on n’aimait plus depuis des siècles et
des biens comme le plastique et le satin étaient dissimulés,
on économisait sur le caoutchouc
les aiguilles luisaient et l’hallucination
était l’unique substance du père.

On conservait les matériaux du recyclage
corrodés dans les grandes villes
avec de l’herbe et de l’ammoniaque, gardés dans des emballages - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - brillants.
Eh oui, fallait bien qu’ils gèlent
pour construire le nouvel esprit sauna.
Une fois prête la génération des faiseurs de néant,
à pieds et à roulettes on allait
dans les années quatre-vingt punk et cerise, les âmes
n’étaient qu’aux filles, tant de blond violentait le goût
et l’arrière des culottes était compromis par
les stupides coutures du marché aux puces.
Rien de très original, vu de derrière.

[…]

La génération précédente ne fit plus peur
nous en avions épié les mouvements dans le bois, puis acquis
leur pâleur, le nonchalant sentiment
d’appartenance aux oasis de ciment.
Et dire que nous pensions vaincre
la misère avec la danse, comme on fait dans
les terres ignorées par l’eau et les banques du sperme.




Quand le néon s’éteignit


Quand le néon s’éteignit
nous nous sommes retirés dans l’obscurité en action noire
sans eau minérale sans sel et sans faire
convaincus que de la ville d’en face
on nous rendrait le soleil.
Et nous avons soufflé deux ou trois projets d’aube adriatique
quand le volume des empreintes réduisit nos traces
à des chemins d’IKEA.
Alors, au contrôle social nous avons antéposé
cette étrange forme initiale, ce recommencement.

Pas de néon qui se soit éteint sans raison
pendant la journée,
et quand les puissants de la terre nous obligèrent
à mettre de l’ordre dans le vide malpropre
alors nous avons fait exploser les lampes à huile conservées
dans les meubles vitrés des présidents.
Mais l’explosion fit naître un silence
formel, comme un parfum gucci, ou simili.

Quand le néon s’éteignit nous étions peu nombreux et pris
par d’objectives spéculations.
Protège-rien et les humidificateurs pour la veille, car nous devions
entrer encore dans la vitesse de la lumière, dans l’étau



Et ils n’ont pas voulu en 1980 nous écouter chanter
ni emprunter des pseudonymes de décadence et donc nous avons - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - résisté à la chute
avec la vidéo, faits de vidéo, nouveaux et originaux
chats bottés, action immédiate.
Tels des vampires, nous survivons seulement à coups de somnifères, et
en volant tels des flamants roses.
À force de rester intensément dans le bois le marais
s’assèche.

Nous fûmes éteints avec le néon, en fait.
Disais-je.



- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - De : Neon 80, Zona ed. 2008

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